serpe-hier

Ou l'art du débiloïde.

Mardi 7 juillet 2015 à 21:43

         ... direct, les grossesses poussent un peu comme des champignons dans un sous-bois de feuillus automnal, ces derniers temps. Y a d'abord eu mes cousins, qui remettent tous ça en 2015 (plus le mariage en janvier), puis une de mes collègues, puis une de mes amies. Une autre se marie l'an prochain et mon petit doigt me dit que le mioche sera pour juste avant ou juste après, un autre se pacse dans quelques jours avec sa copine qui n'attend qu'une chose: pondre des chiards, bref, je me sens envahie. Ah oui et bien sûr je croise des femmes enceintes ou en post-partum à peu près 20 fois par jour.

         Ça me stresse à un point pas possible. C'est débile, rien ne m'oblige à avoir des gamins. Mais il y a une sorte de pression sociale, de pression anthropologique. L'horloge biologique ou n'importe quel nom qu'on lui donne, en tout cas tout me fait sentir que j'ai basculé dans la tranche d'âge des adultes. Moi j'en suis encore à expérimenter mon alimentation (en ce moment ça tend sur le mode végétarien), à avoir envie de m'acheter des groles et de glander le soir en rentrant du boulot. Je me sens pas tout à fait "normale". J'ai pas envie d'avoir des mouflets, c'est trop le bordel, trop insécurisant. Et en même temps, bah je culpabilise, en quelque sorte, de pas ressentir ce qui serait "logique" que je ressente.

         En plus, comble du hasard, en ce moment je lis La faim du tigre (René Barjavel) qui, globalement, me fout super mal à l'aise tant les propos avancés entrent en résonance avec des idées que je me fais du monde.


         Bref hein, comme vous pouvez le remarquer, ça va pas mieux!
         Bonne soirée bande de trous de balle de poney!

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[ The Lion's Roar _ First Aid Kit ]

Dimanche 15 février 2015 à 19:15

         ... cause, ne voyant pas mes pieds guérir (pour tout dire, l'expression véritable serait "voyant la gangrène ronger doucement mes extrémités inférieures"), j'ai fini par me résoudre au fashion-drama: acheter des putains d'Ugg. Tu sais, les Ugg, ces sortes de panses de veaux fourrées à la laine de mouton, informes, même pas prévues pour être imperméables, moches, en somme hein, soyons honnêtes, et... WHAT?!? A 200 BALLES LA PAIRE?!? Oui, 200 balles en moyenne (allez je te le fais à 180 parce que je t'aime bien) pour avoir deux outres à vin collées à chaque pied!
          Ahem... j'ai fini par me résoudre au fashion-drama: acheter des putains de contrefaçon d'Ugg, pour essayer d'avoir chaud à mes orteils, et surtout, d'avoir de la place. Les chaussures étant clairement taillées pour les canards (ok, un canard qui chausse du 40 ou 41, c'est un GROS canard, mais ça reste un canard quand même. Une oie peut-être?) je me suis dit que c'était probablement le meilleur investissement que je pouvais faire pour survivre.
         Je suis donc partie à ma pause de midi (putain c'est presque un alexandrin avec rime interne et tout), sous la neige, clopin-clopant, me déplaçant à la vitesse du koala congelé et boitant des deux pieds (j'aurais participé à une soirée SM que ma démarche n'en aurait probablement pas été autrement) dans le magasin LE PLUS PROCHE qui vendait à coup sûr les gésiers d'autruches fourrés. J'ai pris du 40 sans passer par la case 39, je les ai essayées, ça me serrait tellement les orteils que quand la vendeuse m'a dit "ça va la pointuuuuure?" j'ai eu envie de lui crever les yeux avec mes doigts: non, la pointure ça va pas, en largeur devant je fais au moins du 48, mais en longueur il me faut toujours du 39, comment on fait?!? mais je lui ai simplement dit "j'ai des engelures donc j'en sais rien ça me fait mal" et elle m'a répondu "vous savez, ça va se détendre" alors j'ai pris le 40 en espérant que ça allait se détendre VITE et je me suis cassée sans demander mon reste (bon ok, en marchant pas très vite mais j'ai pas demandé mon reste)
         Et depuis, ça va beaucoup mieux, je remarche, j'ai moins froid, et ça guérit lentement. HOURRA! Bon j'ai quand même les pieds violets là où ça a morflé (je vous épargne les photos), c'est assez flippant mais au moins ça me pourrit moins la vie.

        Ceci étant, j'ai du aller en stage avec les fameuses Ugg, puisque c'est clairement là-bas que j'ai le plus froid et là-bas que j'ai chopé mes engelures. J'arrive donc au début de la semaine, look "vacances à Megève" (oui, on y croit)(je me prépare pour quand j'aurais gagné à Euromillions), essayant de me motiver tant bien que mal, essayant de ne pas angoisser tant bien que mal, je dis bonjour, tout ça... et là, commentaire: "Ah tiens vous avez mis ce genre de bottes, vous aimez bien?" heu beh heu non mais j'ai des engelures quoi et je souffre et ça guérit pas... (ce que j'ai déjà expliqué 40 fois dans l'indifférence la plus totale, nota Béné)(c'est qui celle-là et pourquoi elle parle au passé simple d'un coup?!) "C'est vrai que c'est confortable! Moi je trouve ça bien pour rester à la maison, mais après, je préfère les chaussures à bouts pointus!"
         ... Très sincèrement, tu penses bien que, si je pouvais, je serais en Louboutin tous les jours!!! En talons de 10, comme Cristina Cordula! Sans broncher! Moi aussi je préfère les bouts pointus et les belles bottines, mais si j'en porte LA TOUT DE SUITE, y aura plus de question de bout pointu puisque JE N'AURAI PLUS D'ORTEILS!!! MEEEERDEEEEUH!!! Franchement, je sais pas, on est des professionnels de santé, quand quelqu'un te signifie depuis dix jours qu'il a les orteils prêts à tomber, tu lui réponds pas "je préfère les bouts pointus", tu sais que l'autre mets pas des pieds de yéti juste pour se faire marrer!
         "Je préfère les bouts pointus"! Nan mais j'te jure!

         Heureusement que je ne devais pas parler de mon stage.

         Je vous souhaite un magnifique début de semaine, sous le signe de la détente et du bien-être, bande de trichomycètes du Paléocène!

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[ Don't Stop At The Top _ Children Of Bodom ]

Dimanche 1er février 2015 à 10:27

         ... que j'ai commencé mon stage à la pharmacie. J'en parle pas trop pour plusieurs raisons.
         La première, c'est que, en terme éthique, j'ai pas le droit de râler sur mon maitre de stage, ou du moins je peux le faire en milieu clos, avec des gens que je connais bien, et à l'oral. C'est un pharmacien qui accepte de prendre un stagiaire, de lui transmettre son savoir, d'y consacrer du temps: malgré tout ce que je peux pourrais trouver à redire, l'attitude la plus adaptée est le remerciement et le respect (sortez l'orchestre philharmonique)(attention, solo du premier violon)(j'aurais bouffé le Code de Déontologie que je ferais pas mieux). Dommage, parce que vous connaissez ma façon de raconter, ça fait marrer l'auditoire...
         La deuxième, c'est que, malgré tout, je vis dans une angoisse ambiante, à un niveau basal plus élevé que d'habitude. Les crises sont de nouveau là, moins violentes, mais assez fréquentes, du moins assez régulières pour que je m'en plaigne.
         La troisième, c'est que j'en ai rien à foutre.

         Je n'arrive pas à expliquer ce qui me repousse dans ce métier, même, dans L'IDÉE de faire ce métier. Je ne l'exerce pas encore, je ne suis pas encore au comptoir face aux patients, et pourtant je suis déjà rebutée par le statut que je vais avoir. Un professionnel qui essaie désespérément de faire comprendre aux gens que non, il vend pas les boites comme les légumes, et que oui, il a un putain de doctorat pour faire ce qu'il fait. Une bonne poire, aussi, parce qu'on nous prend quand même pour des cons. Bosser comme un professionnel de santé MAIS pas être rémunéré pour (ou des clopinettes), et faire son salaire sur le nombre de boites vendues. Pour moi c'est tellement dichotomique que c'est impossible à allier.
         Je hais les médicaments. Je hais l'idée de voir toute ma vie des gens malades. Putain, quelle perspective de merde. Okay, ils viennent pour qu'on les guérissent, et la majorité d'entre eux va effectivement guérir, mais dans l'absolu on côtoie que des gens qui vont pas bien, physiquement ou mentalement. Ça me tue de penser à ça.
         Ça me tue de penser aux "responsabilités du pharmacien", celles qui font que tu peux être poursuivi au civil, au pénal, et toutes les poursuites en justice possibles et imaginables. C'est aussi pour ça que je veux pas être pharmacien. Ma mère me dit que probablement l'angoisse à ce sujet s'atténue pour devenir une simple "vigilance" face aux situations à risque, elle a probablement raison, mais je me demande si moi ça fera ça. Ça m'angoisse tellement.
          Le pire c'est que quand j'essaie d'en parler, parce que ça me fait du mal, on me répond des trucs cons, que je vais m'habituer, que ça ira, que je me fais des idées et que je dois pas dire ça. C'est encore pire. Du coup j'ai arrêté d'en parler, et je cogite de mon côté sur quoi faire en juin. Il faut absolument que je me tire de ce guêpier.
         En fait, ma pensée récurrente, c'est que j'ai fait pharmacie comme une thérapie, aider les gens en "remerciement" de l'aide apportée quand mon père était malade, en me disant que ça me ferait du bien. Dix onze ans plus tard, je me rends compte que ce qui me ferait du bien, ça serait de m'aider moi. Et les autres, en gros, je les emmerde.

         Parmi les possibilités de (ré)orientation qui s'offrent à moi, on retiendra:
- hériter d'une partie de la fortune de Liliane Bettencourt (je demande pas grand chose, même 90 millions ça me suffirait)
- élever des licornes et des escargots à la campagne. Et des poules aussi, j'aime bien les poules. Et pourquoi pas des lapins, même si je suis moins fan. Et puis quelques chats norvégiens, pour la gloire (et pour le pognon)(parce que oui, mon but dans la vie c'est avoir une activité qui me plait ET qui est lucrative)(pour ceux qui auraient du bousin dans les yeux et n'auraient pas encore intégré ce paramètre)
- tranquillement postuler chez Auchan ou Leclerc ou Whatever et bosser dans la parapharmacie, en en ayant rien à branler des répercussions sur l'image de la profession ("ouiiii tu te rends pas cooooompte gnagnagnaaaaa")(si, je me rends compte, et même, en bonus, je t'emmerde), et le jour où les médicaments passent en vente libre dans les grandes surfaces, je me casse vite fait
- partir bosser chez un grossiste-répartiteur, pas très funny mais je pourrais m'y retrouver.
- rempiler sur une autre formation (à débattre) qui me plairait plus et me permettrait de bifurquer. Je me suis déjà inscrite à un MOOC (cours en ligne) de management, qui me donnera accès à un certificat si je le valide. Pas grand chose mais un premier pas. Dans le reste, merchandising, design d'intérieur, management de façon plus poussée. A voir. Le tout en bossant? A voir aussi.
- serrer les dents, rédiger mon rapport de stage, ma thèse, être docteur en pharmacie, partir bosser dans une officine de campagne et fermer ma gueule.

         La prochaine fois je vous parlerai quand même d'un truc en lien avec le stage, qui mérite sa place dans ce blog. Vous verrez.
         Bon dimanche les trombopitèques meringués!

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[ If I Had A Heart _ Fever Ray ]

Vendredi 12 décembre 2014 à 22:08

         ... période de révisions dans ce cursus. On en voit la fin sans en voir la fin, c'est étrange.
         Je suis stressée, j'ai peur. Je veux me cacher dans un coin et qu'on ne me retrouve pas, qu'on me laisse vivre autre chose que ce métier qui m'attend.
         J'ai même pas l'impression que c'est Noël.

         Soyez sages petits jéquirity à l'huile d'olive!

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[ Heimförin _ Asgeir ]

Samedi 22 février 2014 à 0:04

          ... là, j'ai appris que notre pote Angie avait disparu, comme ça.
          Angie c'est le copain chez qui on faisait nos révisions. J'étais pas proche de lui, mais on a passé beaucoup de moments ensemble. Genre, tu sais, on a toujours fait des révisions bourrins en s'y mettant trois semaines avant, rendez-vous chez lui avec le 3e larron (un de ses meilleurs amis, celui qui m'a annoncé ça) à 8h ou 8h30, au taquet jusqu'à 23h30, avec du café, du café, de temps en temps du red-bull, du café, on craquait beaucoup aussi, on a beaucoup ri, fait des pauses mémorables, et on s'y remettait, au taquet encore. Mine de rien, ça fait vachement de temps ensemble, et même si on ne parlait de rien de personnel, c'était du temps ensemble.

          Bref, du coup, quand tu connais une personne uniquement sur sa capacité à tenir la route, à réviser, c'est d'autant plus... surprenant? d'apprendre qu'il a disparu. Il a laissé des papiers pour que tout soit en ordre sur le plan administratif (économies, tout ça), et un petit mot qui disait qu'il avait pété les plombs et pris le premier avion pour faire le tour du monde.

          Et depuis que je sais ça, j'y pense. Souvent. Comme c'est étrange, le monde, ceux qui se plaignent, disent qu'ils vont se barrer, comme moi, sans jamais avoir les couilles de rien faire, et ceux, au contraire, qui ont une surface parfaitement policée et déboulonnent au point de se tirer, sans prévenir personne, ni amoureuse, ni amis, ni famille. Personne. Le choix ultime avant le suicide. Disparaitre.
          Je ne sais pas quels sentiments ça provoque chez moi, mais je sais que c'est très singulier, avec une part de bonheur pour lui, parce qu'il est probablement mieux là où il est actuellement. Et aussi beaucoup de tristesse, d'angoisse, d'empathie pour ses "vrais" proches.

          ... c'est vraiment bizarre.

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[Long Nights - Eddie Vedder]

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