... que j'ai commencé mon stage à la pharmacie. J'en parle pas trop pour plusieurs raisons.
La première, c'est que, en terme éthique, j'ai pas le droit de râler sur mon maitre de stage, ou du moins je peux le faire en milieu clos, avec des gens que je connais bien, et à l'oral. C'est un pharmacien qui accepte de prendre un stagiaire, de lui transmettre son savoir, d'y consacrer du temps: malgré tout ce que jepeux pourrais trouver à redire, l'attitude la plus adaptée est le remerciement et le respect (sortez l'orchestre philharmonique)(attention, solo du premier violon)(j'aurais bouffé le Code de Déontologie que je ferais pas mieux). Dommage, parce que vous connaissez ma façon de raconter, ça fait marrer l'auditoire...
La deuxième, c'est que, malgré tout, je vis dans une angoisse ambiante, à un niveau basal plus élevé que d'habitude. Les crises sont de nouveau là, moins violentes, mais assez fréquentes, du moins assez régulières pour que je m'en plaigne.
La troisième, c'est que j'en ai rien à foutre.
Je n'arrive pas à expliquer ce qui me repousse dans ce métier, même, dans L'IDÉE de faire ce métier. Je ne l'exerce pas encore, je ne suis pas encore au comptoir face aux patients, et pourtant je suis déjà rebutée par le statut que je vais avoir. Un professionnel qui essaie désespérément de faire comprendre aux gens que non, il vend pas les boites comme les légumes, et que oui, il a un putain de doctorat pour faire ce qu'il fait. Une bonne poire, aussi, parce qu'on nous prend quand même pour des cons. Bosser comme un professionnel de santé MAIS pas être rémunéré pour (ou des clopinettes), et faire son salaire sur le nombre de boites vendues. Pour moi c'est tellement dichotomique que c'est impossible à allier.
Je hais les médicaments. Je hais l'idée de voir toute ma vie des gens malades. Putain, quelle perspective de merde. Okay, ils viennent pour qu'on les guérissent, et la majorité d'entre eux va effectivement guérir, mais dans l'absolu on côtoie que des gens qui vont pas bien, physiquement ou mentalement. Ça me tue de penser à ça.
Ça me tue de penser aux "responsabilités du pharmacien", celles qui font que tu peux être poursuivi au civil, au pénal, et toutes les poursuites en justice possibles et imaginables. C'est aussi pour ça que je veux pas être pharmacien. Ma mère me dit que probablement l'angoisse à ce sujet s'atténue pour devenir une simple "vigilance" face aux situations à risque, elle a probablement raison, mais je me demande si moi ça fera ça. Ça m'angoisse tellement.
Le pire c'est que quand j'essaie d'en parler, parce que ça me fait du mal, on me répond des trucs cons, que je vais m'habituer, que ça ira, que je me fais des idées et que je dois pas dire ça. C'est encore pire. Du coup j'ai arrêté d'en parler, et je cogite de mon côté sur quoi faire en juin. Il faut absolument que je me tire de ce guêpier.
En fait, ma pensée récurrente, c'est que j'ai fait pharmacie comme une thérapie, aider les gens en "remerciement" de l'aide apportée quand mon père était malade, en me disant que ça me ferait du bien. Dixonze ans plus tard, je me rends compte que ce qui me ferait du bien, ça serait de m'aider moi. Et les autres, en gros, je les emmerde.
Parmi les possibilités de (ré)orientation qui s'offrent à moi, on retiendra:
- hériter d'une partie de la fortune de Liliane Bettencourt (je demande pas grand chose, même 90 millions ça me suffirait)
- élever des licornes et des escargots à la campagne. Et des poules aussi, j'aime bien les poules. Et pourquoi pas des lapins, même si je suis moins fan. Et puis quelques chats norvégiens, pour la gloire (et pour le pognon)(parce que oui, mon but dans la vie c'est avoir une activité qui me plait ET qui est lucrative)(pour ceux qui auraient du bousin dans les yeux et n'auraient pas encore intégré ce paramètre)
- tranquillement postuler chez Auchan ou Leclerc ou Whatever et bosser dans la parapharmacie, en en ayant rien à branler des répercussions sur l'image de la profession ("ouiiii tu te rends pas cooooompte gnagnagnaaaaa")(si, je me rends compte, et même, en bonus, je t'emmerde), et le jour où les médicaments passent en vente libre dans les grandes surfaces, je me casse vite fait
- partir bosser chez un grossiste-répartiteur, pas très funny mais je pourrais m'y retrouver.
- rempiler sur une autre formation (à débattre) qui me plairait plus et me permettrait de bifurquer. Je me suis déjà inscrite à un MOOC (cours en ligne) de management, qui me donnera accès à un certificat si je le valide. Pas grand chose mais un premier pas. Dans le reste, merchandising, design d'intérieur, management de façon plus poussée. A voir. Le tout en bossant? A voir aussi.
- serrer les dents, rédiger mon rapport de stage, ma thèse, être docteur en pharmacie, partir bosser dans une officinede campagne et fermer ma gueule.
La prochaine fois je vous parlerai quand même d'un truc en lien avec le stage, qui mérite sa place dans ce blog. Vous verrez.
Bon dimanche les trombopitèques meringués!
La première, c'est que, en terme éthique, j'ai pas le droit de râler sur mon maitre de stage, ou du moins je peux le faire en milieu clos, avec des gens que je connais bien, et à l'oral. C'est un pharmacien qui accepte de prendre un stagiaire, de lui transmettre son savoir, d'y consacrer du temps: malgré tout ce que je
La deuxième, c'est que, malgré tout, je vis dans une angoisse ambiante, à un niveau basal plus élevé que d'habitude. Les crises sont de nouveau là, moins violentes, mais assez fréquentes, du moins assez régulières pour que je m'en plaigne.
La troisième, c'est que j'en ai rien à foutre.
Je n'arrive pas à expliquer ce qui me repousse dans ce métier, même, dans L'IDÉE de faire ce métier. Je ne l'exerce pas encore, je ne suis pas encore au comptoir face aux patients, et pourtant je suis déjà rebutée par le statut que je vais avoir. Un professionnel qui essaie désespérément de faire comprendre aux gens que non, il vend pas les boites comme les légumes, et que oui, il a un putain de doctorat pour faire ce qu'il fait. Une bonne poire, aussi, parce qu'on nous prend quand même pour des cons. Bosser comme un professionnel de santé MAIS pas être rémunéré pour (ou des clopinettes), et faire son salaire sur le nombre de boites vendues. Pour moi c'est tellement dichotomique que c'est impossible à allier.
Je hais les médicaments. Je hais l'idée de voir toute ma vie des gens malades. Putain, quelle perspective de merde. Okay, ils viennent pour qu'on les guérissent, et la majorité d'entre eux va effectivement guérir, mais dans l'absolu on côtoie que des gens qui vont pas bien, physiquement ou mentalement. Ça me tue de penser à ça.
Ça me tue de penser aux "responsabilités du pharmacien", celles qui font que tu peux être poursuivi au civil, au pénal, et toutes les poursuites en justice possibles et imaginables. C'est aussi pour ça que je veux pas être pharmacien. Ma mère me dit que probablement l'angoisse à ce sujet s'atténue pour devenir une simple "vigilance" face aux situations à risque, elle a probablement raison, mais je me demande si moi ça fera ça. Ça m'angoisse tellement.
Le pire c'est que quand j'essaie d'en parler, parce que ça me fait du mal, on me répond des trucs cons, que je vais m'habituer, que ça ira, que je me fais des idées et que je dois pas dire ça. C'est encore pire. Du coup j'ai arrêté d'en parler, et je cogite de mon côté sur quoi faire en juin. Il faut absolument que je me tire de ce guêpier.
En fait, ma pensée récurrente, c'est que j'ai fait pharmacie comme une thérapie, aider les gens en "remerciement" de l'aide apportée quand mon père était malade, en me disant que ça me ferait du bien. Dix
Parmi les possibilités de (ré)orientation qui s'offrent à moi, on retiendra:
- hériter d'une partie de la fortune de Liliane Bettencourt (je demande pas grand chose, même 90 millions ça me suffirait)
- élever des licornes et des escargots à la campagne. Et des poules aussi, j'aime bien les poules. Et pourquoi pas des lapins, même si je suis moins fan. Et puis quelques chats norvégiens, pour la gloire (et pour le pognon)(parce que oui, mon but dans la vie c'est avoir une activité qui me plait ET qui est lucrative)(pour ceux qui auraient du bousin dans les yeux et n'auraient pas encore intégré ce paramètre)
- tranquillement postuler chez Auchan ou Leclerc ou Whatever et bosser dans la parapharmacie, en en ayant rien à branler des répercussions sur l'image de la profession ("ouiiii tu te rends pas cooooompte gnagnagnaaaaa")(si, je me rends compte, et même, en bonus, je t'emmerde), et le jour où les médicaments passent en vente libre dans les grandes surfaces, je me casse vite fait
- partir bosser chez un grossiste-répartiteur, pas très funny mais je pourrais m'y retrouver.
- rempiler sur une autre formation (à débattre) qui me plairait plus et me permettrait de bifurquer. Je me suis déjà inscrite à un MOOC (cours en ligne) de management, qui me donnera accès à un certificat si je le valide. Pas grand chose mais un premier pas. Dans le reste, merchandising, design d'intérieur, management de façon plus poussée. A voir. Le tout en bossant? A voir aussi.
- serrer les dents, rédiger mon rapport de stage, ma thèse, être docteur en pharmacie, partir bosser dans une officine
La prochaine fois je vous parlerai quand même d'un truc en lien avec le stage, qui mérite sa place dans ce blog. Vous verrez.
Bon dimanche les trombopitèques meringués!
[ If I Had A Heart _ Fever Ray ]